LES MARIAVITES ET LE MARIAVITISME
LES MARIAVITES / HISTOIRE
Le nom « mariavite » vient de la phrase latine : « imiter la vie de Marie » (Mariae vitam imitantes) car les chrétiens mariavites sont invités à imiter la vie de la Vierge Marie notamment son obéissance à la volonté de Dieu ( « qu’il me soit fait selon ta parole » Lc 1, 38 ), à entendre la parole de Dieu et la garder dans son cœur ( Lc 2, 19 ), à chercher le Seigneur sans cesse et à se tenir auprès de Jésus offrant sa vie pour la salut du monde à la Croix , dont le sacrifice eucharistique est le mémorial, tout cela sous la conduite de l’Esprit Saint avec des frères et sœurs comme au jour de Pentecôte.
La devise des mariavites résume leur spiritualité : « tout pour la plus grande Gloire de Dieu et l’honneur de la Très Sainte Vierge Marie ».
Histoire du mariavitisme
Origines du mariavitisme
En Pologne, occupée par les russes, il était impossible de fonder de nouvelles congrégations religieuses. Or, sous l’inspiration du père capucin Honorat KOZMINSKI (1829-1916, béatifié en 1988), se forment des congrégation cachées, clandestines .
C’est dans l’une d’entre elles que Marie-Françoise KOZLOWSKA (1862-1921) entre et en 1887 fonde une communauté de femmes contemplatives sous la 2ème règle de Saint François d’Assise – Sœurs Pauvres de Sainte-Claire (dit Sœurs Adoratrices).
Elle est envoyée dans la ville de Plock et là le 2 août 1893 ,lors de la messe, elle reçoit du Seigneur la mission de fonder une congrégation de prêtres mariavites destinée à propager le culte du Saint-Sacrement. Les Mariavites nomment cet evenement les premières « Révélations de l’Œuvre de la Grande Miséricorde » qui contiennent l’ensemble des demandes du Seigneur pour le monde entier et la vie mystique de la fondatrice mis par écrit par elle-même. Cette Œuvre de la Grande Miséricorde consiste dans la Culte du Très Saint Sacrement et le Secours de Marie comme remède aux maux dont souffrent le monde.
La congrégation de prêtres, dont beaucoup étaient diplômés de l’Université (p.ex. de l’Académie Ecclésiastique de Saint-Pétersbourg, Gregorianum de Rome), se donnent comme guide la 1ère règle de Saint François et restent au service des paroisses qu’ils occupaient mais mènent également une vie spirituelle plus intense .
Nouveauté inouïe pour l’époque c’est Mère Marie-Françoise qui est la directrice et la mère spirituelle des prêtres .
Problèmes avec Rome
La congrégation pense pouvoir être reconnue par Rome , et plusieurs voyages sont effectués à cet effet , mais le désir de réforme des mœurs du clergé promue par la nouvelle congrégation n’est pas bien vu par les évêques polonais qui commencent à persécuter les prêtres mariavites.
En 1904, sur la base d’un document reproduisant le texte des Révélations faites à Mère Marie-Françoise ,mais falsifié en défaveur des mariavites, la Sacrée Congrégation de l’Inquisition romaine et universelle les a condamnés et a demandé aux prêtres de cesser tout contact avec leurs fondatrice et aux sœurs de quitter leur vie spirituelle. Les études contemporaines dans les archives (polonaises et vaticanes) montrent cette falsification du texte original envoyé à Rome mais aussi l’orthodoxie du texte original.
Les mariavites n’ont pas accepté cette décision car au cœur du message de l’Œuvre de la Grande Miséricorde était l’adoration du Saint Sacrement et le pérpetuel secours de la Vierge Marie. En plus, leur vie et leur spiritualité était basée sur l’encyclique « Miræ Caritatis » (du Saint-Sacrement) du pape Léon XIII, en 1903 traduite en polonais par le père mariavite, Leon M. André GOLEMBIOWSKI (1867–1933), professeur au Grand Séminaire de Płock.
Par conséquent, en 1906 le pape Pie X a excommunié Mère Marie-Françoise et les prêtres mariavites. C’est la raison pour laquelle ils devaient quitter les églises ou ils exerçaient.
Débuts de l’Eglise Vieille Catholique Mariavite
C’est donc en 1906 que commence l’Église des Mariavite.
Très vite les paroissiens restent fidèles à leurs anciens curés et vicaires, et des églises nouvelles sont construites (38 églises et 34 chapelles rien qu’en 1909).
Les persécutions contre les mariavites, prêtres, religieuses et fidèles commencent, allant jusqu’à des embuscades, des pogroms , croisades , et les ouvriers mariavites furent privés de leur travail.
La congrégation mariavite s’organisa plus solidement encore, notamment avec de nombreuses œuvres de charités (écoles maternelles gratuites, écoles primaires, boulangeries, soins).
En 1907, le chapitre général, tenu avec la participation des délégués laïcs des paroisses, a élu le père Michel Kowalski comme le Ministre général de la congrégation mariavite et futur évêque de l’Église. Les plus proches collaborateurs du Ministre général, ses futurs évêques coadjuteurs, furent également élus.
En 1909 les mariavites se rapprochèrent des Églises Vieilles-Catholiques et Mgr Gerard GUL (1847–1920), archevêque d’Utrecht, avec les évêques vieux catholiques de Hollande et d’Allemagne ,consacra le superieur mariavite, le père Jan M. Michel KOWALSKI (1971–1942) comme évêque.
L’année suivante les pères Roman M. Jacques PROCHNIEWSKI (1872–1954), Vicaire général de la congrégation et Leon M. André Golembiowski, custos de la Custidie de Lodz, furent consacrés par Mgr Michel Kowalski assité de deux évêques vieux catholiques : Mgr Gerard Gul et Mgr Jacobus Johannes van Thiel (1843–1912).
C’est pour cela que l’Église mariavite s’appelle l’ÉGLISE VIEILLE CATHOLIQUE MARIAVITE .
Des changements disciplinaires apparurent montrant la modernité des mariavites,
par exemple la célébration de la messe en langue polonaise ou la simplification des procédures judiciaires ecclésiastiques pour les mariages et la possibilité aux divorsés d’être remariés.
Après la mort de la mère Marie Françoise ( 1921), l’Église Mariavite fut gouvernée de manière autocratique uniquement par l’Archevêque M. Michel Kowalski. Ce dernier a introduit de nombreuses innovations doctrinales et disciplinaires, notamment : allégement des règles du jeûne eucharistique et des règles du carême, possibilité aux prêtres d’être mariés, Communion sous les deux espèces, suppression des titres ecclésiastiques et prérogatives du clergé, le sacerdoce des religieuses (1929).
Les mariages au sein de la congrégation mariavite et leur justification théologique présentée par l’archevêque furent aussi à l’origine de la séparation d’avec l’Union d’Utrecht , même si jusqu’à aujourd’hui les vieux catholiques mariavites de Pologne sont en inter-communion avec les vieux catholiques d’Utrecht et si un dialogue a été repris depuis 1972.
Certaines initiatives de Mgr Michel Kowalski ne furent pas acceptées par l’ensemble des mariavites. En 1935 le Chapitre général, tenu en présence des fidèles et des religieuses, le déposa. L’Archevêque et ses partisants partirènt en résidence dans une maison de la congrégation à Félicjanow et se séparèrent du reste des mariavites fondant ainsi l’Église catholique mariavite (qui n’a aucun représentant en dehors de la Pologne et n’aucune référence avec l’Église Vieille Catholique Mariavite).
Cette même année 1935 un synode fut institué . De nombreuses cérémonies religieuses ont été retablies , notamment la liturgie de la Semaine Sainte , le titre d’Archevêque des Mariavites fut aboli et remplacé par celui d’Évêque Primat éligible. En 1937 les sœurs ont cessé d’être ordonnées prêtres et les relations avec les Eglises Vieilles Catholiques recommencèrent .
Après le Concile Vatican II, les relations entre l’Église catholique romaine et l’Église Vieille Catholique Mariavite évoluèrent favorablement. Le dialogue avec Rome est effectif depuis 1965 avec des échanges de chaires entre les deux églises, et en 1997 une commission de dialogue amenant à la reconnaissance commune des baptêmes (2000) et la proximité dans les sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre. Nos évêques ont participé à des rencontres officielles avec les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
Comme Église membre de la Conférence des Églises Européennes (KEK), fondateur du Conseil Œcuménique des Églises (COE) et cofondateur du Conseil Œcuménique des Églises de Pologne, l’Église Vieille Catholique Mariavite se situe totalement dans le mouvement œcuménique et participe aux réunions de ces organismes.
https://mariavite.fr/index.php/fr/oecumenisme
La Province française
Grâce à l’intergration de l’Église Catholique et Apostolique de Paris, une communauté fondée en 1972, avec l’Église Vieille Catholique Mariavite, la Province et le Diocèse de France de l’Église Vieille Catholique Mariavite de Pologne fut érigée en 1997. Elle reste sous la juridiction de Mgr M. André Le Bec, ayant deux lieux de culte à Paris (Église Sainte Marie et Chapelle Sainte Marie au Marais) et un oratoire à Lye. En 2023 Mgr M Daniel MAMES devint co-adjuteur de Mgr Le Bec .
https://mariavite.fr/index.php/fr/
Le 17 février 2024 , après des années de discussions et de rencontres, l’Église Sainte Marie de Mont-Saint-Aignan devint une partie integrale de l’Église Vieille Catholique Mariavite rattachée à la Province de France en tant que son Diocèse de Normandie. Mgr M. Roland FLEURY a été nommé par le Chapitre générale le premier évêque du Diocèse de Normandie.
Doctrine et spiritualité Mariavite
La doctrine
Le fondement de l’enseignement est constitué par les Saintes Écritures du Nouveau et de l’Ancien Testament, les décisions des conciles œcuméniques et la Tradition apostolique. L’Écriture Sainte a une grande importance dans la vie mariavite, elle a été lu en polonais dès le début du mariavitisme, et les fidèles sont engagés à prier à partir des Ecritures.
Dogmatique et sacrements
La profession de foi est celle contenu dans le Symbole des Apôtres et dans le crédo dit de Nicée Constantinople ainsi que le symbole de saint Athanase, appelé « Quicumque ».
L’Église vieille catholilque mariavite reconnait comme dogmatique (et donc de foi) les décisions des sept premiers Conciles œcuméniques ( jusqu’en 787, Nicée II) car ils sont le fruit de la décision de l’Église primitive et indivise.
Les autres décisions ne sont pas dogmatiques même si elles peuvent être vivantes et fécondes spirituellement. Elles sont reconnues comme les certitudes de la foi. Par exemple l’Assomption de la Vierge est fêtée le 15 Aôut comme sa montée au ciel sans corruption de son corps (la Dormition de la Vierge, reconnue par les orthodoxes) et l’Immaculée Conception de la Vierge (célébrée le 8 Décembre), celle qui est la Toute Pure et sans tâche.
La vie spirituelle des Mariavites s’appuie sur les sacrements. Il y en a sept qui sont les mêmes que chez les catholiques ou les orthodoxes. Bien que l’Église mariavite utilise trois rites de célébration, chacun d’eux conserve la même forme, la même matière et le même ministère des sacrements. En Pologne, depuis 1907 on célèbre en polonais selon le rite directement dérivé de la liturgie tridentine. Dans la Province de France, la liturgie, les oraisons et les chants sont français mais également en latin, en grec et en hébreu. Parfois, pour des raisons pastorales, on utilise l’anglais, le portugais ou le polonais. Dans le Diocèse de Paris la célébration se déroule selon un rite quelque peu similaire à celui prévu dans la liturgie catholique romaine moderne. En revanche, Diocèse de Normandie garde le rite liturgique quasiment identique à la célébration de l’époque précédant les réformes de Paul VI.
Cette diversité et acculturation font partie de notre héritage mariavite et ecclésial gallicano-celtique avec la spiritualité du Saint Colomban de Luxeuil (+ 615) et ses successeurs.
L’Église mariavite reconnaît les sacrements suivants :
- le baptême pour les enfants et les adultes qui nous fait enfant de Dieu
- le sacrement de la pénitence pour nous réconcilier avec Dieu et nos prochains. Il est donné de façon indivuelle aux enfants pour qu’ils apprennent à examiner leurs consciences et aux adultes qui le souhaitent. Tous les fidèles et le clergé sont obligés de se confesser à Jésus caché dans le Saint-Sacrement. L’absolution générale est donnée à chaque messe après un examen de conscience personnel.
- la confirmation, comme le sacrement des dons du Saint Esprit, est donnée à partir de 10 ans
- l’Eucharistie c’est le cœur de la vie mariavite. Elle est célébrée chaque dimanche et en semaine. L’Eucharistie, sacrement de l’Amour de Dieu pour le monde, doit être célébrée avec respect. La Communion est donnée sous deux espèces du pain et du vin. Elle conduit vers l’adoration eucharistique, élément central de la spiritualité mariavite. Le Saint Sacrement est exposé à l’adoration lors de la célébration eucharistique ou bien après.
- le mariage est célébré entre un homme et une femme. Une bénédiction peut être donné suite à un divorce suivant le principe de l’économie ,comme chez les orthodoxes, après une réflexion avec le prêtre et après dispense préalable accordée par l’évêque.
- le sacrement de l’ordre est donné aux hommes. Il y a les ordres mineurs et les 3 ordres majeurs (diaconat, presbytérat et épiscopat). Il est le sacrement du service de la communauté. C’est la raison pour laquelle les candidats au sacerdoce doivent être membres de la communauté paroissiale qui, avec le collège des prêtres, reconnaît cette vocation et les présente à leur évêque. Conformement à la tradition de l’Église indivise, le clergé mariavite peut se marier.
En voir plus :
https://mariavite.fr/index.php/frll/foi-doctrine-sacrements
Spiritualité
La spiritualité mariavite a pour but de tout rapporter à la Gloire de Dieu.
D’abord, elle est eucharistique.
Les fidèles sont appelés à adorer solennellement la Présence eucharistique dans l’Adoration une fois par mois. D’après Sainte Marie-Françoise, « L’Adoration Perpétuelle de la Propitiation est l’Œuvre de la grande Miséricorde, donnant au monde périssant en dernier recours l’honneur du Saint-Sacrement et l’aide de la Vierge Marie. Le but de cette tâche est de restaurer la gloire due au Christ eucharistique dans le monde entier, de prier pour la promotion du salut et d’aider notre prochain à renaître spirituellement et de restaurer le zèle des premiers chrétiens ».
Il s’agit d’une attitude spirituelle plus que dévotionnelle : il s’agit de se placer devant le Seigneur Jésus et de Lui présenter le monde avec ses peines et ses joies et d’intercéder pour le monde entier. Notre Fondatrice expliqua bien cette intention : « Nous célébrerons [cette] adoration comme l’Adoration de la Propitiation, c’est-à-dire que nous essaierons de : 1) supplier le Seigneur Jésus pour nos péchés et ceux du monde entier pour recevoir la Miséricorde Divine ; 2) nous implorerons le Sauveur afin qu’il ait pitié de nous et du monde entier ; qu’il annule le châtiment qui nous menaçait ainsi que pour le monde entier, et 3) qu’il répande sur nous la grâce de sa Miséricorde qu’Il avait décidé de verser pour ces derniers jours afin que nous recevions tous sa Miséricorde ».
Alors, l’adoration eucharistique anticipe les Noces de l’Agneau présentée dans l’Apocalypse. Cette adoration n’est jamais solitaire mais c’est toute la communauté qui est présente à travers chacun de ses membres. L’objet de l’adoration est égalemet l’action de grâce pour les dons reçus du Seigneur, pour son œuvre de Salut, et l’intercession pour tous. C’est la raison pour laquelle les mariavites méditent chaque jours la prière suivante (d’après Saint François) : « Nous t’adorons Seigneur Jésus-Christ ici et dans toutes tes églises du monde entier. Nous te magnifions, nous te rendons grâce et nous te supplions d’accorder la conversion et la Miséricorde au monde entier. Béni soit la Bienheureuse, Sainte et Immaculée Conception de la Vierge Marie, Mère de Dieu ».
spiritualité mariale
L’icône de Notre Dame du Perpétuel Secours est présente dans chaque église mariavite. Au travers de cette image c’est Marie qui nous présente l’unique Sauveur Jésus qu’elle tient dans ses bras. Nous sommes invités à nous unir à Marie dans notre vie quotidienne en lui présentant peines et joies afin qu’elles soient associées au dessein salvifique du Seigneur. Nous essayons d’imiter sa vie cachée et, comme elle, d’aimer Dieu et notre prochain.
Notre spiritualité est communautaire.
La vie communautaire est importante : c’est ensemble que nous sommes sauvés, c’est ensemble que nous marchons vers le Salut. De ce fait la prière commune est recommandée. La vie communautaire est renforcée par le fait que la structure de l’Église est synodale (en France également associative) et que les laïcs ont une place importante dans les décisions communautaires. Le sacerdoce est au service de tous et la plus grande simplicité est demandée aux prêtres dans un esprit franciscain de fraternité universelle.